L’humoriste Kyan Khojandi, célèbre notamment pour sa série « Bref », dessine avec humour, autodérision et fatalisme le portrait des accrocs aux réseaux sociaux dans un sketch présenté à Montreal. Likes, notifications, photos, stories, publicités : il démontre avec habilité toutes les perversions que provoquent notre utilisation exagérée de ses outils et leurs conséquences : une dégradation de notre santé mentale, une addiction qui s’aggrave,
L’humoriste retrace notamment le cheminement d’un utilisateur d’Instagram et nous démontre à quel point ces réseaux sociaux peuvent nous égarer dès qu’une notification survient. Il nous fait comprendre à quel point nous pouvons parfois perdre le fil de nos actions et de notre concentration
Une notification déclenche un « shoot » de plaisir immédiat, égoïste, viscéral, éphémère. On va chercher à ce que son égo soit flatté, on va se réjouir de commentaires positifs sur sa photo de profil. On va se comparer avec ses amis virtuels. On va diffuser un « faux amour » avec des likes qui ne veulent rien dire. On va se perdre à regarder des vidéos qui n’ont aucun intérêt ou des publicités qui vont nous inciter à consommer un produit qui ne nous est pas utile.
Il pointe également du doigt les multinationales visant à nous piéger en utilisant nos faiblesses. Cette hypocrisie qu’ils ont à nous dire « faites attention, ne dépasser pas 3h d’écran par jour » alors qu’ils développent tous les outils adéquats pour que nos yeux restent rivés sur l’écran. Sa conclusion vise à rapprocher la cigarette à l’utilisation des réseaux sociaux : il n y a aucune différence dans le fait que ce soit une drogue et que cela porte atteinte à notre santé, contrairement à ce que certains peuvent bien croire. Il fait même une comparaison intéressante :
« Les fumeurs ils devaient vivre 80 ans, et ils meurent à 70 ans. Avec les réseaux sociaux, tu perds 10 ans de ta vie, mais pendant ta vie, à 20 ans, à 30 ans, etc. C’est des couchers de soleil, des conversations avec des amis, c’est des moments clés, des souvenirs qu’on perd. »
L’addiction aux réseaux sociaux est dangereuse pour notre santé mentale
Quand on devient accroc aux réseaux sociaux, on devient désireux, envieux, jaloux, déprimé, en manque, agités. On est également dans une compétition et une frustration permanente en voyant les publicités, la vie parfaite de nos « amis ». Cela accentue un mal-être d’une personne qui serait déjà peu en confiance.
Quelqu’un m’a raconté récémment qu’on lui reproche souvent de ne jamais liker ce que ses relations mettent sur Facebook. Cela devient maladif : on réclame une attention factice par des likes. On attend fébrilement le petit « 1 » dans les notifications pour notre plaisir égocentrique. Chouette quelqu’un a liké ma photo ! Super quelqu’un m’a demandé en ami ! Trop cool quelqu’un ma envoyé un message ! Et s’il n y a rien, on déprime alors on y passe plus de temps. Il est urgent de sortir de cette spirale infernale.
Doit-on quitter tous nos réseaux sociaux ?
Tout quitter n’est pas la bonne solution selon moi, même si certains le font sans doute à bon escient suite à une « overdose » (dont des anciens salariés de ces entreprises…). Ces outils communautaires ont de nombreux atouts et font, quoiqu’on en dise, partie intégrante de notre société. Le but est donc de se focaliser sur leurs avantages (partage de photo pour la famille lointaine ou les amis, création de communauté, discussion avec un inconnu, recherche et partage d’info, abonnements à ses flux préférés). Il faut surtout s’éloigner le plus possible de la publicité, de l’esprit de compétition, de l’envie, du désir qui créent une addiction.
Enfin, il faut donner la priorité au réel, à la rencontre « physique », à l’empathie qui se développe quand on voit quelqu’un dans la vraie vie. Libérez-vous de votre smartphone ! Cessez de perdre votre temps si vous vous rendez compte que ce que vous faites n’est pas utile. Ne vous lamentez plus de ne pas avoir la même vie que vos amis virtuels. Ne subissez plus et ne consommez plus ces mauvaises substances nutritives pour votre cerveau. Agissez, produisez, sortez, bougez, rencontrez. Ou trouvez simplement quelque chose qui nourrira votre cerveau (un livre, de la cuisine, de l’art, de la création de produit, etc.).