On ne sort pas indemne de la lecture du livre « Comment les riches détruisent la planète » écrit par Hervé Kempf et sorti en 2007. Ça tombe bien, c’est le but : sensibiliser les lecteurs à l’urgence de la situation environnementale, toujours plus criante 12 ans après sa parution.

Dans cet essai engagé et incisif, l’auteur y étaye tous les problèmes posés par la dérégulation ultra-libéral des modes de consommation et de production dans les pays développés, et le développement d’une oligarchie mondiale qui prospère. Crise sociale et crise écologique sont en fait étroitement liées, alors qu’elles sont souvent opposées.

Il démontre notamment le cercle vicieux d’une oligarchie toujours plus avide qui accentue cette crise mondiale. Par tous les moyens, elle tente de maintenir l’ordre établi à son avantage pour conserver tous ses privilèges. Pour cela, la croissance matérielle est l’outil parfait pour faire accepter l’injustice des positions. La classe moyenne alimente également ce système par le désir maladif de la distinction et de la récompense afin de s’élever dans l’échelle sociale. On imite alors le gaspillage et la consommation excessive des plus riches afin de leur ressembler. Même si le changement climatique est une notion que tout le monde a désormais intégré, les classes dirigeantes ne réagissent pas, profitant à fond de ce système qui les avantage.

« Je pense que nous tous, dans les sociétés européennes notamment, avons intégré la question du changement climatique, mais pas encore celle de la crise écologique, qui l’englobe et la dépasse. Nous n’avons pas encore traduit ce que cela pouvait représenter dans le changement des modes de vie, de l’économie et de la société. […] Cette remise en cause est faite par des écologistes, par des mouvements, par des associations. Elle n’est pas encore réellement intériorisée par des forces politiques d’ampleur importante.

Hervé Kempf, interviewé par alterinfo.net

Le fossé se creuse toujours plus entre les riches et les pauvres. Le principal problème est que la crise climatique est beaucoup plus visible dans les pays pauvres que dans les pays riches. Dans les pays les plus développés, la relative clémence du climat et la forte protection des villes face aux intempéries fait que nous n’avons pas assez conscience de ce qu’il se trame.

Le mode de vie des classes riches les empêche de sentir ce qui les entoure. Dans les pays développés, la majorité de la population vit en ville, coupée de l’environnement où commencent à se manifester les craquements de la biosphère. […] L’Occidental moyen occupe la plus grande partie de son existence dans un lieu clos, passant de sa voiture au bureau climatisé, s’approvisionnant dans des hypermarchés sans fenêtres, déposant ses enfants à l’école en automobile, se distrayant chez lui dans le tête-à-tête avec la télévision ou l’ordinateur, etc. Les classes dirigeantes, qui modèlent l’opinion, sont encoure davantage coupées de l’environnement social et écologique. […] Elles minorent évidemment les problèmes dont elles n’ont qu’une représentation abstraite. 

De plus, les classes dirigeantes des pays pauvres ont signé un pacte avec le diable. Afin de prospérer financièrement, ils ont conclu des partenariats avec des multinationales qui privatisent des terrains composés de ressources naturelles, qui exploitent les locaux et qui polluent la planète.

« Dans les pays les plus pauvres, la caste s’est constituée aux sommets de l’Etat en lien avec celle des pays occidentaux : les classes dirigeantes locales ont négocié leur participation à la prédation planétaire par leur capacité à rendre accessibles les ressources naturelles aux firmes multinationales ou à assurer l’ordre social. »

Extrait du livre « Comment les riches détruisent la planète » de Hervé Kempf

Un autre cercle vicieux est celui de l’information, des médias et de la sensibilisation des lecteurs aux problèmes actuels. Le journaliste est censé challenger le pouvoir et le mettre face à ses contradictions. Il est censé nous livrer la vérité que le pouvoir nous cache. Mais souvent il est pieds et poings liés et doit se contenter d’une information lisse, sans relief, sans saveur et sans intérêt puisque les grands chefs des groupes médiatiques sont proches des politiques au pouvoir.

 » Les mass média constituent un enjeu central. Ils soutiennent aujourd’hui le capitalisme en raison de leur économie : ils dépendent en effet, pour la plus grande partie d’entre eux, de la publicité. Cela rend difficile de plaider pour la diminution de la consommation. Le développement des journaux gratuits, qui ne vivent que de la réclame, accroît de surcroît la pression sur les journaux payants à grande diffusion, dont beaucoup sont entrés dans le giron des grandes entreprises industrielles. »

Extrait du livre « Comment les riches détruisent la planète » de Hervé Kempf

Montrer les commentairesFermer les commentaires

Laisser un commentaire